Sessions de travail proposées par Pensées archipéliques

Proposé par l'équipe de recherche Pensées archipéliques, Ruser l’image? Stéréotype, contre-stéréotype, anti-stéréotype est consacrée à des œuvres (arts plastiques, cinéma, danse...) qui cherchent à ébranler les stéréotypes et les clichés culturels, raciaux et sociaux. Elle est construite autour des propositions des artistes Olive Martin et Patrick Bernier, Mathieu K. Abonnenc1, de la chorégraphe Latifa Laâbissi, et de Lotte Arndt, dont le doctorat est consacré aux stratégies de décolonisation dans les revues culturelles parisiennes dédiées à l’Afrique.

À propos de Loredreamsong de Latifa Laâbissi,
lire le texte D'Emmanuelle Chérel > Déjouer le blackface (pdf)

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© Latifa Laâbissi

Programme

Lundi 28 janvier_20h30

_Le Cinématographe dans le cadre de Contrechamp
12bis rue des Carmélites, Nantes. T. 02 40 47 94 80
_Projection du film d’Alejandra Riera, Enquête sur le/notre dehors (Valence-le-haut) à la date du 15 juillet 2012, une image de pensée collective du lieu que l’on habite. Alejandra Riera avec des habitants/es du quartier de Fontbarlettes, (France, 2h07).
En présence de l’artiste et de Lotte Arndt.

« Depuis 2003, l’artiste Alejandra Riera poursuit Enquête sur le/ notre dehors, un travail en plusieurs volets. Elle y entreprend une réflexion sur les rapports complexes entre esthétique, micropolitique et subjectivité. Après une première partie à propos de la normalité menée avec UEINZZ, un groupe de théâtre composé de personnes avec des doléances psychiques, de thérapeutes, de philosophes et de performeurs, une deuxième partie concerne l’idée de produire une image de pensée collective du lieu qu’on habite. Initiée avec des habitants de Valence-le-Haut, périphérie de la ville de Valence, dans la région rhône-alpine, cette recherche est censée s’étendre sur d’autres « lieux d’exception » et de production artistique. Enquête sur/le notre dehors développe une approche qui refuse toute forme de fixation de rôle, de représentation dans laquelle les voix particulières ne servent que pour mieux s’insérer dans une typologie. Ce faisant, A. Riera cherche à développer un langage visuel qui crée un espace de conversation ne reposant pas sur l’assignation d’une identité. La question des enfermements, que les discours d’expertise et l’exposition de portraits typifiés dans le documentaire « omniscient » produisent, se pose dans le creux du refus de recourir à ces moyens. Les stratégies visuelles employées dans le film subvertissent les confinements et fixations que le film agence en permanence. D’une structure complexe et multiforme, les images errent, refusent de ré-imposer les séparations qui structurent la géographie urbaine de la ville de Valence sans pour autant cesser d’interroger leur violence. Déjouer la logique du stéréotype pour permettre à une parole dialogique à émerger sous-tend son travail filmique. » Lotte Arndt
Après la projection, Alejandra Riera explicitera sa position lors de la triennale de Paris, Intense Proximité (2012).

 

Mardi 29 janvier_20h30

_Espace Cosmopolis (sur réservation, dans la limite des
places disponibles) 18 rue Scribe, Nantes. T. 02 51 84 36 70
_Performance Autoarchive de Latifa Laâbissi (2011, env. 60 min.)
Conception et interprétation : Latifa Laâbissi / Son : Cristian
Sotomayor / Production : Figure Project

« Autoarchive est une conférence performée, une théorie en mouvement, ou le mouvement d’une théorie portant sur les enjeux de mon propre travail, leurs filiations, leurs sources dans une perspective de rendre visible, tangible, l’expérience de l’imaginaire dans un processus chorégraphique. C’est aussi l’exploration d’une production langagière, l’expérimentation d’une grammaire atypique qui joue des accents pour en troubler la perception. Une véritable stratégie de démontage, une opération de déconstruction qui s’amuse à déhiérarchiser la rhétorique d’un discours savant sur le corps. Sur une base d’auto-archive, les moyens de mise en oeuvre de cette théorie mobile architecturent le statut d’une conférence comme une surface de projection, de réflexion sensible en manipulant différentes échelles de représentation : indice, commentaire, énigme, analogie, allégorie, extraits live de pièces de répertoire ou simples exercices reliés à une pratique de corps. Cet ensemble hétérogène compose une partition improbable suscitant un engagement performatif à la fois intense et monstrueux. » Latifa Laâbissi

 

Mercredi 30 janvier _19h00

_Amphithéâtre de l’école des beaux-arts de Nantes
Place Dulcie-September, Nantes
_Conférence de Lotte Arndt Traces de l’oubli : Le travail de Sammy Baloji sur les restes humains dans les collections ethnographiques en Europe.
_suivie de la projection du film documentaire Chasseur de tête de Martin Baer (2001, 52 min.)

En Allemagne, plus personne ou presque ne connaît le nom de Mkwawa. En Tanzanie, le sultan Mkwawa demeure un véritable héros national, qui a laissé son nom à des rues, des places et des écoles. Il y a plus d’un siècle, les forces de protection allemandes réussissaient à retrouver dans leur colonie d’Afrique de l’Est, l’actuelle Tanzanie, le chef des rebelles Wahehe et à le traquer à mort. La tête du sultan Mkwawa fut rapportée dans l’empire germanique comme trophée. Le Traité de Versailles prévoyait la restitution du crâne à la Tanzanie, mais ce macabre témoin de la folie coloniale est demeuré encore un demi-siècle sur le sol allemand.
Qui était Mkwawa ? Pourquoi les Allemands ont-ils emporté son crâne ? Où était-il déposé ? Le réalisateur Martin Baer accompagne l’arrière-petit-fils du sultan, Is-Haka Mkwawa, sur les traces de son ancêtre. Ces « chasseurs de tête » retournent sur le terrain, dans l’actuelle Tanzanie, et plongent dans les archives allemandes. Ce que l’on peut encore voir de nos jours dans les réserves des musées où reposent les crânes nous donne une idée des événements de la période coloniale, nous éclaire sur l’histoire de l’anthropologie et du racisme scientifique.

Vendredi 1e février_20h30

_Le Cinématographe dans le cadre de Contrechamp
12bis rue des Carmélites, Nantes. T. 02 40 47 94 80
_Projection du film Vénus Noire d’Abdellatif Kechiche (France, 2010, 2h45, interdit aux moins de 12 ans) avec Yahima Torres, André Jacobs, Olivier Gourmet, Elina Löwensohn, François Marthouret, film présenté par Nicolas Thévenin.
Paris, 1817, enceinte de l’Académie Royale de Médecine.
« Je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable à celle des singes ». Face au moulage du corps de Saartjie Baartman, l’anatomiste Georges Cuvier est catégorique. Un parterre de distingués collègues applaudit la démonstration. Sept ans plus tôt, Saartjie, quittait l’Afrique du Sud avec son maître et livrait son corps en pâture au public londonien des foires aux monstres...
Avec Vénus Noire on retrouve un thème fondateur du cinéma de Kechiche : la difficulté pour un individu à trouver sa place dans une société qui la lui refuse. Mais ici l’abord en est beaucoup plus sombre et éprouvant.

Plus d’informations

Programme Ruser l'image (pdf, 0.3Mo)