Plus de réalité, l'exposition

L’exposition collective « + DE RÉALITÉ »

au Hangar à Bananes, Nantes

du 10 avril au 8 juin 2008

 

Dans le processus de recherche que nous avons mis en place, l’exposition + de réalité  a constitué la première publication de nos travaux. Mise en espace et réalisée dans le triple objectif de formuler un bilan de nos réflexions, de présenter un exposé, au travers d’un large choix d’œuvres, de la richesse et de la variété des approches, et enfin d’expérimenter, en impliquant fortement les étudiants de l’erban, un programme de rencontres autour des œuvres.

 

Cet événement a constitué une étape importante permettant de définir les directions futures de cette recherche. Le fait que ce projet de recherche fut mené essentiellement par des artistes en constitue un aspect fondamental. Si l’histoire de l’art est une discipline auto-réflexive, la pratique des artistes,

sans nier l’importance du rapport à l’histoire, ne s’y limite pas, et chaque artiste réinvente en son œuvre des procédures et des méthodes en vue d’incarner une pensée en actes qui ne soit pas réductible à une thématique ou un énoncé préalable. Ainsi en va-t-il des choix qui ont fondé cette exposition. Ces choix étaient liés de près aux engagements artistiques de chacun d’entre nous, à des points de vue dont la définition s’est précisée tout au long de nos échanges. L’exposition a tenté de rester au plus près de la forme du dialogue, avec échanges, glissements, permutations...

Les œuvres cependant ne sauraient être considérées comme les résultats d’une équation, ou les illustrations d’une thématique. Dans ce sens, elles ne sont pas les objets d’un discours, elles en sont les sujets. Elles sont des questions et tout à la fois des possibles. Cette dimension d’immédiateté – perceptuelle – et la capacité des œuvres à nous inscrire dans le présent, tout en nous mettant face à la sédimentation de leur contenu nous a paru primordiale.

 

L’exposition + de réalité s’est tenue au Hangar à Bananes, du 11 avril au 8 juin 2008. Durant les trois semaines de montage, une vingtaine étudiants se sont retrouvés « face aux œuvres », et ont travaillé avec le groupe à l’installation des 96 œuvres présentées dans un espace de 1600 m². La présence de Susanna Fritscher, Philippe Richard, Peter Soriano, Zilvinas Kempinas, François Perrodin, Miquel Mont, Elisabeth Vary, Gunter Umberg, Michel Verjux… venus installer leurs œuvres avec l’aide des étudiants, a permis à ces derniers d’appréhender plus étroitement les questions de mise en espace et de construction de l’exposition. Certains ont également travaillé au montage de l’œuvre de Donald Judd.

 

Dans la conception de l’exposition, nous sommes restés proches de notre méthode de travail. Plutôt que de tenter l’impossible synthèse, l’idéal compromis, nous avons usé d’un principe d’addition. Chacun de nous six a constitué un ensemble d’œuvres, selon des critères de choix propres.

Compagnonnage, affinités électives, généalogie subjective… appuyés sur les éléments conceptuels et les positions artistiques développés lors des différents échanges avec les artistes invités durant la période de recherche. 

Ne pas thématiser outre mesure l’exposition, mais conserver la réalité – et les divergences - de nos partis pris : cloisonné au minimum, l’espace fut « partagé » en cinq zones principales permettant à chacun d’entre nous d’y déployer les œuvres de son choix, Véronique Verstraete, au contraire, ayant pris le parti de disperser ses propositions dans l’ensemble de l’espace. 

Procéder par glissements et capillarité : nous avons choisi de ne matérialiser les cinq zones « géographiques » de l’exposition qu’à travers la proximité des œuvres elles-mêmes (ni signalétique, ni sections thématiques…et une partition spatiale ne répondant qu’au besoin global de surfaces murales et non à une logique de chapitrage). D’autre part, le rapprochement des œuvres au sein d’un même choix fut, chaque fois, interrompu, enrichi ou complété par l’insertion d’une ou plusieurs œuvres issues d’un choix différent.

Si le titre + de réalité peut se lire comme la version compressée d’une approche problématique de l’abstraction aujourd’hui, il peut aussi rappeler les débats art abstrait/art concret du siècle dernier, ou apporter au « no more reality », … une réponse polémique. L’exposition s’inscrit également en contrepoint dans une suite d’expositions manifestes, inaugurée par Tableaux abstraits (Villa Arson, Nice, et Le Consortium, Dijon, 1986).

 + de réalité  articulant les approches subjectives d’artistes en contact constant avec les matériaux, les formes et les processus de travail relève le défi d’un rapport à la réalité des œuvres rendu plus intense. Une relation vive, positive et prospective que les images et les mots de l’édition tentent de restituer.