Ghost Tokyo
Benoît Broisat
Durant l’année 2012, Benoit Broisat a pris part en tant qu’artiste chercheur au programme de recherche La Ville Monde et ses géofictions dirigé par Philippe Oudard. Dans ce cadre, il s’est intéressé à la part d’imaginaire, de fantasme, de projection qui contribue à forger l’identité des mégapoles et en premier lieu la plus grande d’entre-elles, Tokyo. Le fruit de cette collaboration, une vidéo tournée au Japon au printemps 2012 puis longuement retravaillée pour l’augmenter des traces de ce Tokyo fantôme, sera présenté dans la galerie de l’école supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole du mercredi 13 au vendredi 29 mars 2013.
lire plusBiographie
Benoît Broisat
Né à Bonneville en 1980.
Vit et travaille à Paris.
Son travail recourt à des médiums aussi divers que la vidéo, l’installation, le dessin, l’image numérique… souvent associés dans des projets hybrides et polymorphes. Qu’ils traitent de l’intime ou de l’actualité internationale, ces projets s’intéressent moins aux choses extérieures elles-mêmes qu’aux représentations et aux récits qui s’élaborent à partir de ces réalités. Ainsi, le travail de Benoît Broisat peut être perçu comme une exploration du monde non pas en lui-même mais tel qu’une culture ou une pensée le réinventent.
Benoît Broisat a notamment présenté son travail lors des expositions Entre-temps au Minsheng Art Museum (Shangai, 2011), Les Faux Amis à la Galerie Nationale du Jeu de Paume (Paris, 2010), Roppongi Art Night au Mori Art Museum (Tokyo, 2010), Retracing Exhibitions au Royal College of Art (Londres, 2009), Re-construction, Biennial of Young Artists (Bucarest, 2008), Roof Gardens au Musée d’art contemporain de Tokyo (Tokyo, 2008), la Biennale de Lyon (Lyon, 2007), Alain Robbe-Grillet – Art, architecture et cinéma à la Serpentine Gallery (Londres, 2007), Historias Animadas au CaixaForum (Barcelone, 2006), Incipit à la Fondation d’entreprise Ricard (Paris, 2006), Jeunisme 2 au FRAC Champagne-Ardenne (Reims, 2005) et I still believe in miracles au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (2005).
Son travail est visible dans les collections du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, du Fond national d’art contemporain (FNAC), du Frac Champagne-Ardenne et du Fond municipal d’art contemporain de Paris.
Vues de l'exposition de Benoît Broisat, Ghost Tokyo, Ecole des beaux-arts de Nantes, mars 2013. Photos Marc Dieulangard
”J’ai toujours travaillé sur l’image et sur la description et je n’ai jamais cru que leur fonction soit de reproduire une réalité préexistante. Images et descriptions m’intéressent au contraire en premier lieu pour leur fonction créatrice. Cette conception paradoxale m’amène à m’intéresser à la manière dont le reportage invente l’événement qu’il documente, dont le récit construit le lieu qu’il prétend décrire, dont notre mémoire même, plutôt qu’elle ne nous restitue des moments du passé, élabore ses propres faits, ses propres paysages.”
S’il fallait prendre les guides touristiques au mot et voir dans les « attractions » que constituent l’acropole d’Athènes, l’Empire State Building ou les chutes du Niagara des corps massifs qui, semblables aux étoiles, attirent irrésistiblement à eux la foule des touristes, celles qui m’ont conduit au Japon se compareraient davantage à cette matière noire, invisible, inobservable, que trahit précisément l’intensité de son pouvoir d’attraction. L’attraction, dans mon cas, ce n’était pas en effet la Tokyo Tower, ni même la toute récente Sky Tree.
Le Tokyo qui m’attirait était un Tokyo fantôme, latent, fait des dizaines de projets avortés conçus, pour beaucoup dans la mouvance métaboliste, par Kenzo Tange, Arata Isozaki, Kiyonori Kikutake ou encore Buckminster Fuller et Norman Foster.
Ce sont ces Landmarks jamais sorties de terre mais dont la présence fantôme pèse pourtant sur la ville que je souhaitais documenter.
Curieuse expérience que d’aller à la rencontre de l’invisible et de contempler une absence. Mais comment en rendre compte par l’image ?
Pour cette série, j’ai découpé dans des vues de différents quartiers de Tokyo, la silhouette de bâtiments qui y étaient projetés. Paradoxalement, ils ne seraient pas présents dans l’image s’ils n’en avaient pas étés ôtés. Ils accèdent à la visibilité par leur effacement même.
Benoît Broisat
Plus d’informations
Communiqué d'exposition Ghost Tokyo (pdf, 0.4Mo)